Le machaon et sa chenille

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Le machaon et sa chenille 

(Papilio machaon)

De mars à septembre, nous pouvons apercevoir les ailes colorées du Machaon (Papilio machaon), ou « grand porte-queue ». C’est un insecte de l’ordre des Lépidoptères (papillons) dont la larve est appelée « chenille », la nymphe est appelée « chrysalide » et la forme adulte (ou imago) est appelée « papillon ». « Lépidoptère » vient du grec ancien « lepís » qui signifie « écailles » et « pterón » qui signifie « ailes ». En effet, contrairement aux autres insectes tels que les mouches ou les libellules, les ailes des papillons sont pourvues d’écailles. Le Machaon appartient à la famille des Papilionidae, qui comprend environ 600 espèces dans le monde. On en dénombre 9 en France dont le machaon. On peut également observer le Flambé par chez nous. Cette famille de papillons est caractérisée par la présence d’une « queue » au niveau des ailes postérieures et par leur grande taille : le Machaon peut mesurer jusqu’à 10 centimètres d’envergure ! 

Un plus petit début de vie

La femelle pond ses œufs sur des plantes-hôte, principalement des Apiacées (appelées anciennement les ombellifères) comme la Carotte sauvage ou cultivée, le Fenouil et l’Aneth, dont va se nourrir la chenille après son éclosion. La femelle confirme l’expression « ne pas mettre ses œufs dans le même panier » et pond généralement un seul œuf par pied (environ 150 à 200 œufs par femelle). Cela rassurera peut-être le jardinier de ne pas se retrouver avec une armada de chenilles sur le pauvre pied de carottes !!!  La ponte peut donc s’étaler sur plusieurs kilomètres. Les œufs, de forme sphérique, passent du jaune (juste après la ponte) au noir (juste avant l’éclosion).

Œuf tout juste pondu sur de l’Aneth © Gérard Sineau

Une semaine environ suffit à voir sortir les petites chenilles noires et blanches (cet aspect « fiente d’oiseau » servirait à dissuader les prédateurs), parsemées de petits picots et de petites macules orange à l’éclosion. Leur seule mission est alors de manger et grossir. Les chenilles se nourrissent d’abord de leur œuf avant de commencer à croquer les feuilles de leur plante-hôte. Elles deviennent progressivement glabres (sans poils) et le blanc des chenilles va s’estomper pour laisser place à une couleur vert clair avec des anneaux noirs et oranges tout son long.  


Chenille après l’éclosion, sur de l’Aneth © Gérard Sineau


Chenille prête à former sa chrysalide, sur de l’Aneth © Gérard Sineau

Un moyen de défense particulier pour la chenille 

Bien que les carottes, sauvages comme cultivées, soient particulièrement appréciées de cette espèce, il n’y a généralement qu’une chenille par pied et elle est loin de mettre à mal le pied. Si elle ne peut rien contre les jardiniers, elle possède en revanche une drôle d’arme qui permet de dissuader et tromper les prédateurs : un organe malodorant (appelé « osmeterium ») qui gonfle et ressemble à deux petites antennes orange derrière la tête quand la chenille se sent menacée. C’est d’ailleurs une autre caractéristique de la famille des Papilionidae. 

Chenille dont l’osmeterium est gonflé (source : wikipedia)

Et la chenille se transforme en papillon 

Après s’être nourri pendant un mois à un mois et demi sur la même plante-hôte (il est rare qu’elle s’en éloigne), la chenille part à la recherche d’un support pour y former sa chrysalide. Cette dernière est généralement verte mais peut être brune. Le camouflage et le mimétisme sont des hypothèses pour expliquer cette différence de couleur, la chenille n’ayant nul autre moyen de défense pendant sa métamorphose. S’opère alors une transformation qui conserve quelques mystères. Les organes de la chenille se désagrègent (elle se transforme en « bouillie »). Les cellules se reforment pour constituer les organes du futur imago. Ce stade dure quelques semaines ou plusieurs mois, s’il y a hivernation. 

Vidéo du passage de la chenille à la chrysalide

Qu’en est-il de l’imago ?

Prédire la sortie du papillon de sa chrysalide peut s’avérer simple, dans le mesure où celle-ci se colore 24 à 36 heures avant son éclosion. Ce délai passé, il sort de sa chrysalide et s’accroche à un support le temps de déployer ses ailes. Ce n’est qu’après cette étape que nous pouvons finalement admirer le jaune pâle de ces ailes pourvues de motifs noirs. Du bleu et un rond rouge se trouvent également sur ses ailes postérieures, qui se terminent par une queue. En Sarthe, on le retrouve dans les zones humides et les prairies fleuries, où se trouvent notamment les fleurs des apiacées (plantes-hôte). Votre jardin peut donc être une véritable aubaine pour ces papillons ! Il peut être repéré à ses couleurs et à sa taille d’une part, à sa façon de voler d’autre part. Il alterne en effet entre battements d’ailes rapide et longs vols planés. C’est l’un des plus grands papillons diurnes (qui est actif la journée) de France. 

Son rôle dans la nature

Le machaon est, comme tous les papillons diurnes, un butineur. Il butine à l’aide de sa trompe enroulée sur elle-même qu’il déploie pour aspirer le nectar des fleurs, dont il se nourrit. C’est donc important, si vous en avez la possibilité, de le préserver. Vous pouvez laisser une petite zone sans tonte, dans votre jardin par exemple, pour que les fleurs (des apiacées notamment) s’y expriment et attirent et nourrissent ces papillons. 

Attention à ne pas le confondre…

Le Machaon © Gérard Sineau

Le Flambé

En Sarthe, une autre espèce ressemble fortement au Machaon : le Flambé (Iphiclides podalirius). Il est cependant possible de les différencier. Ainsi, si vous pensez en reconnaître le Machaon, prenez-le en photo afin de vérifier son espèce et n’hésitez pas à nous l’envoyer par mail à l’adresse : contactcpie@cpie72.fr en nous indiquant la date d’observation ainsi que sa localisation (lieu-dit et commune). Vous pouvez aussi directement saisir ces informations sur la base de données Kollect : https://cpie.kollect.fr/

 


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Date : 18/06/2020