CPIE 72

La vie secrète des micromammifères

Un micromammifère kesako ?

Rappelons tout d’abord ce qu’est un mammifère. Ce sont des animaux qui présentent 3 caractéristiques absentes chez les autres espèces : présence de poils, présence d’une oreille moyenne (tympan – cavité tympanique – osselets) et production de lait par les glandes mammaires. En mettant l’adjectif micro (signifiant « petit » en grec) nous parlons d’une catégorie de mammifères terrestres qui regroupent toutes les espèces de petite taille qui ont un poids inférieur à 250 grammes (hormis les chauves-souris). Les micromammifères se divisent en deux groupes distincts : les rongeurs et les insectivores.

 

Les rongeurs :

Campagnol roussâtre

Campagnol roussâtre

Il s’agit d’espèces principalement herbivores (ce qui n’empêche pas que certaines soient plus omnivores en fonction des périodes), caractérisées par une paire d’incisives longues qui croît pendant toute leur vie. Entre les incisives et les molaires, on constate un espace remarquable que l’on appelle le diastème. De manière générale les rongeurs possèdent 4 doigts aux pattes antérieures, 5 doigts aux pattes postérieures et contrairement aux insectivores, ils possèdent un museau généralement arrondi. Au niveau mondial, 1600 espèces de micromammifères rongeurs ont été recensées dont 13 en Sarthe. Parmi celles-ci, nous pouvons trouver le Lérot, le Campagnol amphibie, le Muscardin, le Mulot sylvestre, ou encore le Rat surmulot, etc.

Les insectivores :

Musaraigne (Crocidure sp.)

Crocidure

Les insectivores, comme leur nom l’indique, sont des espèces qui se nourrissent majoritairement d’invertébrés (insectes, araignées, escargots, etc). Il s’agît d’un groupe qui présente un corps aplati ainsi que de courtes pattes donnant un aspect corporel plutôt trapu. Leur museau est fin et allongé, les yeux réduits et les 5 doigts de leurs pattes sont bien développés. Un total de 350 espèces sont décrites parmi les micromammifères insectivores dont 8 renseignées en Sarthe. Nous trouvons parmi celles-ci les musaraignes, la Taupe, la Crossope aquatique, etc.

 

Sommes-nous assez attentifs ou sont-elles discrètes ?

Toutes ces espèces ne sont pas faciles à observer. Certaines d’entre elles peuvent être souterraines, laissant apparaître à la surface du sol des trous de différents diamètres. Par exemple pour la majorité des Campagnols, on constate des diamètres d’environ 2 cm tandis que pour les Campagnols de taille moyenne (Campagnol amphibie, Rat surmulot, …) on observe un diamètre de 4 à 8 cm. D’autres espèces vivent à l’air libre ou elles circulent le long des haies ou des murs. On trouve aussi les espèces aquatiques comme le Campagnol amphibie qui va signaler sa présence par des chemins tracés proche des berges, ses excréments, ou des restes de repas très particuliers. D’autres espèces peuvent être observées à proximité de l’Homme. Par exemple, le Lérot fait du bruit pendant la nuit et laisse des crottes dans les greniers. D’autres espèces comme la Souris ou le Mulot peuvent grignoter la nourriture des gardes-mangers. D’autres, comme les musaraignes, se faufilent dans les jardins à la recherche d’escargots, chenilles et autres invertébrés. Leur repérage demande de la minutie, un bon sens de l’observation et parfois un peu de chance.

 

Le TOP 5 des micromammifères

 

1/ Le mammifère le plus léger du monde :

Le titre revient à une musaraigne, le Pachyure étrusque (Suncus etruscus), qui mesure entre 5 et 8 cm et pèse entre 1 et 3 grammes. Elle a également la particularité de posséder un cœur relativement musclé qui bat 15 à 23 fois par seconde afin de maintenir sa température corporelle (pas facile au vu de sa petite taille). En titre de comparaison, le cœur humain bat environ 1 fois par seconde.

2/ Le mammifère qui joue au petit poucet :

Chez les campagnols, comme le Campagnol roussâtre (Myodes glareolus), les signaux olfactifs sont une composante importante notamment en période de reproduction. Ainsi, le marquage s’effectue avec de l’urine et des excréments mais également avec des sécrétions provenant de glandes situées sous la peau des flancs et de la plante des pieds. Ces marquages, en plus d’être olfactifs, sont également visibles dans le spectre à rayonnement ultra-violet et sont donc perçus par leurs congénères, mais aussi par d’éventuels prédateurs, comme les rapaces qui utilisent ces signaux pour les repérer.

3/ Le mammifère qui peut réduire sa taille :

Certaines musaraignes, comme la Musaraigne carrelet (Sorex araneus), présente dans le Sud de la France, ont la capacité avant l’hiver de pouvoir rétrécir leurs organes, leur crânes et leurs vertèbres (phénomène de Dehnel). En effet en période hivernale, la nourriture est moins abondante. La réduction de taille permet ainsi de diminuer leurs besoins énergétiques. Elles reprennent leur taille normale quand les beaux jours reviennent.

4/ Le mammifère qui produit du venin :

Une autre caractéristique impressionnante, qui reste rare chez les mammifères, est la capacité à produire du venin. Certaines espèces de musaraignes, comme la Crossope aquatique (Neomys fodiens) vont produire une salive toxique afin d’immobiliser leurs proies, majoritairement des invertébrés aquatiques mais également de petits poissons ou des larves d’amphibiens. Bien évidemment, ce venin n’a pas d’effet sur l’Homme.

5/ Le mammifère qui perd sa queue :

En cas d’attaque par un prédateur, le Muscardin (Muscardinus avellanarius), tel un lézard, pratique l’autotomie, c’est-à-dire qu’il peut faire tomber sa queue afin de détourner l’attention du prédateur et s’enfuir.  Néanmoins cela ne peut se produire qu’une seule fois car la queue ne repoussera pas comme chez le lézard.

 

Leur rôle méconnu :

Les micromammifères ont une place essentielle au sein de l’écosystème. Ce sont les proies de nombreuses espèces de prédateurs : chouettes, faucons, martre, belette. Les micromammifères vont modifier leur environnement de par leur activité. Les rongeurs comme les campagnols ou les mulots sont des espèces qui vont enfouir les graines afin de faire leurs réserves. Cela va permettre aux plantes de disséminer leurs graines ainsi que de germer avec plus de facilité.

 

Aujourd’hui les jardiniers font face à certains ravageurs. Pourtant, certaines espèces de micromammifères comme les musaraignes et la taupe sont de véritables auxiliaires du jardin car ils vont consommer de nombreux invertébrés souvent indésirables dans le potager (escargots, limaces pour les musaraignes et larves de taupins et de hannetons pour la Taupe).  La taupe est également une aératrice du sol et va ainsi favoriser le décompactage de celui-ci en creusant avec ses pattes postérieures en forme de pelle.

Les micromammifères ont donc toute leur importance même si parfois certaines espèces peuvent occasionner des désagréments.

 

Participez à l’enquête !

Le CPIE et la LPO avec l’appui du département lance cette année un programme d’amélioration des connaissances afin de mieux connaitre ces espèces et leur répartition en Sarthe.
Alors, si vous avez envie de vous impliquer dans l’amélioration des connaissances sur ces espèces, n’hésitez pas à participer et partager vos observations pour alimenter le programme : En quête de petits mammifères en Sarthe » 

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