CPIE 72

Collètes & Cie

Le mois de septembre rime généralement avec la fin de l’été, les journées raccourcissent, les températures sont plus fraîches et donc l’activité des insectes diminue lentement mais sûrement ! Ainsi, on voit bien moins de papillons voler. De même, pour les abeilles sauvages, la diversité d’espèces actives en fin d’été est plus faible. On observe évidemment, l’Abeille domestique (Apis mellifera) ou encore plusieurs espèces de bourdons (Bombus sp), qui récoltent le nectar et le pollen sur un large éventail de fleurs, et ce, du printemps à l’automne.

Bourdon sp. – ©CPIE72

Apis mellifera – ©Morgane Sineau

Mais, certaines espèces d’abeilles sauvages ont un régime alimentaire plus spécifique et donc, les périodes de floraison vont coïncider avec les périodes de vol des abeilles sauvages qui les butinent. On parle alors d’espèces oligolectiques ! C’est-à-dire qu’elles se restreignent à une famille ou un genre de plantes. On parle également d’espèces monolectiques quand il s’agit d’une seule espèce de plante. Justement, en fin d’été et au début de l’automne, c’est la floraison de deux espèces, la Callune vulgaire (Calluna vulgaris), plante typique des landes et des clairières forestières sur sols sableux et acides et le Lierre (Hedera helix), plante grimpante très commune à la fois en ville et à la campagne. Et donc, leur floraison coïncide avec la période de vol de deux espèces d’abeilles sauvages appartenant à la famille des Colletidae : la Collète des Bruyères (Colletes succinctus) et la Collète du Lierre (Colletes hederae) ; original comme noms ?!

La Collète des Bruyères est active d’août à septembre et niche dans les sols sablonneux. Les femelles viennent collecter le pollen et le nectar sur la Callune et les Bruyères pour former des « pains d’abeilles » qui serviront de réserve de nourriture pour les larves. En effet, dans le sol, la Collète des Bruyères aménage des loges distinctes, qu’elle tapisse de sécrétions spéciales (grâce à la glande de Dufour présente sur l’abdomen) qui, en contact avec l’air, se transforme en une fine membrane translucide (polyester naturel) afin de les rendre étanche. Elle va ensuite déposer dans chacune d’elle un « pain d’abeille » puis un œuf.

Quant à la Collète du Lierre, elle récoltera le pollen et le nectar seulement sur le Lierre et un peu plus tard dans la saison (septembre/octobre). Les mâles, eux, n’ont besoin que du nectar pour s’alimenter. Généralement on les observe butiner sur les mêmes espèces florales que les femelles, mais ils peuvent aussi butiner d’autres fleurs. La Collète du Lierre peut former des bourgades, c’est-à-dire que plusieurs femelles peuvent utiliser un même site pour creuser leurs nids. Parfois les bourgades peuvent être très importantes et accueillir une centaine de nids.

Collète des Bruyères femelle (Colletes succinctus) butinant sur la Callune vulgaire– ©Morgane Sineau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Collète du Lierre femelle (Colletes hederae) butinant sur du Lierre – ©Morgane Sineau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Collète du Lierre femelle (Colletes hederae) à l’entrée de son nid – ©Morgane Sineau

Cette période permet également l’observation de plusieurs abeilles coucous ou abeilles cleptoparasites qui parasitent les nids de nos deux Collètes, Epeolus fallax, plutôt sur la Collète du Lierre, Epeolus cruciger, principalement la Collète des Bruyères et ponctuellement la Collète du Lierre et Epeolus variegatus. Ces abeilles ne récoltent pas le pollen et ont donc une faible pilosité mais elles butinent le nectar pour se nourrir. Comme les femelles ne collectent pas le pollen, elles ne préparent donc pas de réserve pour leurs larves mais volent les nids de leurs hôtes un peu à la manière du coucou. En effet, celles-ci patrouillent au-dessus des nids de leurs hôtes, quand une femelle Collète en sort, l’abeille coucou rentre à l’intérieur pour déposer son œuf dans une loge. Si celle-ci contient déjà un œuf, l’abeille coucou détruit l’œuf ou alors ce sera la larve de celle-ci qui le fera. Ces trois espèces appartiennent à la famille des Apidae.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Epeolux fallax femelle patrouillant autour d’une bourgade de Collètes du Lierre  – ©Morgane Sineau

Epeolux fallax butinant sur des fleurs d’Asters  – ©Morgane Sineau

Epeolus variegatus/cruciger en patrouille sur une bourgade de Collète du Lierre   – ©Morgane Sineau

Epeolus variegatus/cruciger sortant d’un nid de Collète du Lierre   – ©Morgane Sineau

Trois autres espèces de Collètes sont connues dans le département de la Sarthe : la Collète lapin (Colletes cunicularius), qui sort au début du printemps et butine les Saules (Salix) et parfois l’Ajonc d’Europe (Ulex europaeus) ; la Collète du Pissenlit (Colletes similis) et la Collète fouisseuse (Colletes fodiens) qui sont actives l’été et butinent principalement les fleurs d’astéracées (Sénéçons, Eryngiums, Achillées, Tanaisie, etc.). Ces deux dernières espèces sont également les abeilles hôtes de Epeolus variegatus et de Epeolus cruciger alors que la Collète lapin est l’hôte d’une autre abeille coucou le Sphécode à labre blanc (Sphecodes albilabris) appartenant à la famille des Halictidae.

Accouplement et nid de Collète lapin  – ©Morgane Sineau

Bourgade de Collète lapin  – ©Morgane Sineau

Sphécode à labre blanc mâle butinant sur une Pâquerette – ©Morgane Sineau

Ce sont environ 400 espèces recensées en Pays de la Loire, regroupées en 6 familles : Andrenidae, Apidae, Colletidae, Halictidae, Megachilidae, Mellitidae.
Et oui le groupe des abeilles sauvages est vaste et varié !

Megachile sp. mâle (Megachilidae) – ©Morgane Sineau

Seladonia sp. (Halictidae)  – ©Morgane Sineau

Dasypoda sp. (Melittidae) – ©Morgane Sineau

Andrène à cul rouge (Andrena haemorrhoa – Andrenidae) femelle – ©Morgane Sineau

Morgane Sineau
Chargée de mission eau & biodiversité

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