CPIE 72

Papillons du jour, toujours l’amour !

Lorsque l’on pense au printemps, il nous vient spontanément en tête l’arrivée d’agréables journées ensoleillées ou les doux chants des oiseaux qui se font plus présents et nous accompagnent au réveil. Mais qui dit printemps dit aussi l’apparition de papillons qui, virevoltant dans les airs de fleur en fleur, ne passent pas inaperçus ! Parmi les premiers lépidoptères de l’année, les Piéridés qui marquent la fin de l’hiver sont des papillons diurnes (= Rhopalocères) très répandus en France.

Les espèces de Piéridés croisées régulièrement à cette période

 

Le Citron

Citron - Gonepteryx rhamni - Forêt de Bercé

Citron – (Gonepteryx rhamni) – Forêt de Bercé

Le Citron (Gonepteryx rhamni) est l’un des papillons les plus communs en France, répandu partout dans bois, jardins et landes arbustives. Observable de février à octobre, il est l’un des premiers papillons à voler à la fin de l’hiver et est reconnaissable à ses ailes vertes à jaunes vif (d’où son nom !) semblables à de petites feuilles lorsqu’elles sont fermées. Le dimorphisme sexuel se manifeste essentiellement par la différence de couleur des ailes, avec un dessus des ailes jaunes pour le mâle et un blanc verdâtre pour la femelle. Pour survivre au froid hivernal, il entame sous forme adulte une longue phase de sommeil pour limiter ses dépenses énergétiques tout en sécrétant un antigel cellulaire. Aperçue principalement sur la Bourdaine ou le Nerprun, la chenille est verte avec une ligne claire sur le flanc ce qui la camoufle dans la végétation.

 

L’Aurore ou Piéride du cresson

Aurore - Anthocharis cardamines

Aurore – (Anthocharis cardamines)

L’Aurore ou Piéride du cresson (Anthocharis cardamines) tient son nom des grandes taches oranges rappelant le lever du soleil sur l’apex des ailes antérieures du mâle. Ce dernier se distingue de la femelle qui ne présente qu’un apex gris foncé. Chez les deux sexes, les ailes postérieures sont blanches et finement marbrées de vert ou jaune-vert. Occupant toute la France, ce papillon commun est observable de mars à début juin là où poussent la Cardamine des près, c’est-à-dire en lisières et clairières des bois, prairies et pelouses souvent dans des zones relativement fraiches ou un peu humides. La chenille se trouve sur cette plante-hôte (communément appelée Cressonnette, Cresson élégant ou Cresson des prés) ainsi que de nombreuses autres Brassicacées (Moutarde sauvage, Tourette, Vélars, Alliaire, etc.). Pour se camoufler, elle est de couleur verte avec une nette bande blanche qui se dégrade du côté inférieur au côté supérieur du corps.

 

La Piéride du chou


Piéride du chou (Pieris brassicae) – CC Wikipédia- Thomas Bresson — Pieris brassicae 

La Piéride du chou (Pieris brassicae) est la plus grande des Pieris. Elle se rencontre partout de fin mars à octobre dans des habitats ouverts variés. Ses ailes antérieures sont pointues et une tache noire s’étend sur l’apex de l’aile. Le dessous des ailes présente une grosse tache noire carrée. Contrairement au mâle qui n’a pas de tache noire sur le dessus des ailes, la femelle en a deux ainsi qu’une strie noire. Les chenilles évoluent le plus souvent sur le chou mais aussi sur d’autres Brassicacées comme par exemple la moutarde des champs.

 

La Piéride de la rave


Piéride de la rave (Pieris rapae)

La Piéride de la rave (Pieris rapae) est sans doute le papillon le plus commun en France. Il est observable de mars à novembre dans toutes sortes de milieux ouverts. Il y a un dimorphisme sexuel, le mâle ayant une tache grise sur le dessus des ailes antérieures tandis que la femelle en a deux. C’est une espèce très prolifère puisque la femelle peut pondre plus de 800 œufs. Tout comme le Piéride du chou, ses plantes-hôtes font partie de la famille des Brassicacées parmi lesquelles figure le navet, Brassica rapa, l’une des plantes les plus nourricières de la chenille. Cette dernière est verte avec des points jaunes sur le flanc et une ligne longitudinale jaune sur son sommet.

 

La Piéride du navet


Piéride du navet (Pieris napi)

Largement représentée en France, la Piéride du navet (Pieris napi) est une espèce observable de mars à octobre en lisières et clairières de bois, jardin ou prairie qui évite les endroits secs. C’est un papillon blanc avec un apex noir ainsi que des triangles marginaux gris, une ou aucune tache grise pour le mâle et deux taches grises pour la femelle. Il présente également des nervures très soulignées de gris sur le dessous de ses ailes, le différenciant des autres piérides. En été, ces nervures sont cependant moins soulignées de gris.

 

La Piéride de la moutarde

Piéride de la moutarde (Leptidea sinapis)

Piéride de la moutarde (Leptidea sinapis)

La Piéride de la moutarde (Leptidea sinapis) est l’espèce du genre Leptidea la plus répandue en France et la seule à voler dans l’ouest du pays. Elle peut être observée d’avril à septembre en lisières et clairières de bois, landes arborées et prairies bocagères. C’est un petit papillon aux ailes blanches et allongées avec des antennes aux extrémités rousses. Il existe un dimorphisme sexuel avec sur le dessous de la massue antennaire une grande tache blanche pour le mâle et une tache grise pour la femelle. Au printemps, le dessous de ses ailes postérieures est marqué de gris ou de gris-vert. En été, il est légèrement marqué de gris voir pas du tout. La chenille est verte avec des bandes longitudinales jaunes et se développe sur de petites Fabacées dont la Gesse des prés.

 

Le Gazé ou Piéride de l’aubépine

Gazé  (Aporia crataegi)
Gazé  (Aporia crataegi)

Le Gazé ou Piéride de l’aubépine (Aporia crataegi) est la plus grande Pieridae de France avec la Piéride du chou. C’est le seul papillon de jour qui soit blanc avec des nervures noires bien visibles sur les deux faces des ailes. La femelle se distingue du mâle par le bout blanc de ses antennes. Chez la femelle, l’aile antérieure est en grande partie translucide. Ce papillon est observable de mai à août en prairies bocagères, en landes arborées, en lisières ainsi qu’en vergers non traités. Les chenilles grandissent sur les arbres et arbustes de la famille des Rosacées.

 

Le Souci

Souci (Colias crocea) à Bazouges - © Marek Banasiak

Souci (Colias crocea) à Bazouges – © Marek Banasiak

Le est le seul papillon jaune-orangé du genre Colias et c’est aussi le plus répandu et le plus abondant de France. Ce migrateur méditerranéen est observable entre mars et novembre en France dans toutes sortes d’habitats ouverts. En ce qui concerne la Sarthe, son observation dépend des flux migratoires saisonniers. Chez le mâle, le dessus des ailes présente une large bande brun-noir tandis que cette bande inclue également quelques taches jaunes chez la femelle. Il y a également de grosses taches noires sur le dessous des ailes chez les deux sexes. On rencontre plus rarement une variante chez les femelles qui se font appeler helice. Elles ont un dessus jaune pâle voilé de gris sur les ailes postérieures.

Des insectes à fière allure mais pas que !

Les papillons ont un rôle essentiel dans nos écosystèmes. Ils constituent une importante ressource alimentaire de base pour beaucoup d’espèces d’oiseaux, chauves-souris, reptiles, amphibiens mais également pour d’autres invertébrés prédateurs ou parasites. Lorsqu’ils cherchent le nectar dont ils se nourrissent au stade adulte, ils se déplacent de fleur en fleur emportant du pollen qui se colle à eux. Ils sont donc essentiels à la pollinisation, contribuant directement à la reproduction d’une diversité de plantes entomophiles.

Chez de nombreuses espèces, les adultes ne pondent que sur une seule ou quelques plantes-hôtes sur lesquelles les chenilles se nourrissent exclusivement. Du fait de ce lien spécifique et de leur sensibilité aux variations de l’environnement (hauteur de la végétation, recouvrement des surfaces herbacées et arbustives, composition floristique, etc…), les papillons font de bons bio-indicateurs qui reflètent la qualité des écosystèmes dans lesquels ils se développent, particulièrement des milieux ouverts. Ils sont également indicateurs de changements climatiques de par le suivi de leur aire de répartition.

Où sont-ils en Sarthe ?

A ce jour, parmi les 261 espèces de papillons diurnes recensées en France, 25 espèces font partie de la famille des Piéridés dont 10 espèces référencées en Sarthe.

Voici ci-dessous les cartes actuelles des connaissances pour deux espèces de Piérides, la Piéride du Chou et le Gazé. Ces deux cartes sont issues du portail Biodiv’Pays de la Loire qui centralise les données des différents réseaux naturalistes à l’échelle de la région.

Carte de connaissance de la répartition de la Piéride du Chou

Carte de connaissance de la répartition de la Piéride du Chou (Source : Portail Biodiv’Pays de la Loire)

Carte de connaissance de la répartition du Gazé

Carte de connaissance de la répartition du Gazé (Source : Portail Biodiv’Pays de la Loire)

 

Pour consulter les connaissances actuelles sur la répartition des autres espèces de Piérides, vous pouvez consulter le portail Biodiv’Pays de la Loire à cette adresse : https://biodiv-paysdelaloire.fr/

Lors des confinements de l’année 2020 en contexte covid, des opérations d’observation et de comptage des papillons avaient été mises en place en Sarthe par Mayenne Nature Environnement et la LPO Sarthe. Cette année, la Communauté de Communes du Pays fléchois, reconnue Territoire Engagé pour la Nature (TEN), lance un projet d’Atlas de la Biodiversité Communautaire (ABC) sur deux ans pour lequel le CPIE est missionné. C’est une démarche participative et citoyenne qui comprend entre autres des missions de sciences participatives ouvertes à tous.

Comme nous pouvons le constater, il existe encore des zones en Sarthe où certaines espèces de Piéridés ne sont pas encore ou peu répertoriés (pas de carré ou carré jaune à orange). Alors si vous en apercevez dans votre jardin ou lors d’une balade, n’hésitez pas à nous partager vos observations !

Comment participer à l’ABC en Pays Fléchois ?

Pour cela, il vous suffit simplement d’observer les papillons près de chez vous à l’aide du guide d’observation disponible en ligne et de remplir le formulaire en nous joignant une photo sur la page du CPIE dédiée à l’Atlas de la Biodiversité Communautaire du Pays fléchois https://cpie72.fr/abc/.

Et si vous observez ou entendez d’autres espèces (que ce soit un insecte, un escargot, un oiseau, un hérisson, un amphibien, un reptile, une chauve-souris ou un rapace nocturne), n’hésitez pas à faire de même !

Un grand merci pour votre contribution !

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