Place aux inventaires reptiles ! Episode 2/2
En ce mois d’août, Manuel Plantive, chargé d’étude au CPIE, a terminé les inventaires reptiles (voir l’épisode 1) pour l’année 2021 dans le cadre de l’Atlas de la Biodiversité Communautaire (ABC) du Pays fléchois et il est maintenant temps de vous faire un retour des résultats qui en découlent.
Voici un tableau récapitulatif des espèces observées entre avril et juin sur les 12 transects* prospectés lors de 4 passages (A=Agricole; AU=A urbaniser; U=Urbanisé; ZH=Zone humide) :
* Transect : observation linéaire de 60 à 150 m.
*Richesse spécifique : nombre d’espèces présentes dans un milieu donné, dans notre cas dans chaque transect
Analysons les résultats
Si nous nous intéressons à l’ensemble des 7 communes suivies (Arthezé, Villaines-sous-Malicorne, Oizé, La Fontaine-Saint-Martin, Clermont-Créans, Mareil-sur-Loir et la Flèche), plusieurs espèces ont été retrouvées de manière fréquente. Nous pouvons citer le Lézard des murailles, le Lézard à deux raies (anciennement appelé Lézard vert), l’Orvet fragile et la Couleuvre d’Esculape. Au contraire, d’autres espèces ont été rarement observées : la Coronelle lisse et la Vipère aspic qui ont été recensées sur une seule commune ainsi que la Couleuvre helvétique (anciennement appelée Couleuvre à collier) qui a été aperçue dans deux communes seulement.
Les transects qui comptent le plus de richesse spécifique sont situés principalement en zones humides ou en milieux agricoles tandis que la richesse spécifique la moins importante se situe au niveau de quelques milieux plus urbanisés. Le lieu de relevé peut jouer sur la présence ou non de reptiles. Certains transects ont eu un développement abondant de leur végétation avec l’arrivée des beaux jours ce qui rend moins efficace l’effet des plaques. En effet, la végétation recouvre les plaques à reptiles et celles-ci ne se réchauffent plus autant au soleil et donc attirent moins les reptiles.
Les lézards
Parmi les espèces présentes, le Lézard à deux raies (Lacerta bilineata) et le Lézard des murailles (Podarcis muralis) sont des espèces communes en Sarthe et ne sont pas aussi discrètes que d’autres reptiles. De plus, elles sont moins exigeantes en terme d’habitat, et sont donc observées dans différents milieux : urbains, agricoles ou encore zones humides. Ces lézards ont donc fréquemment été observés sur la grande majorité des transects suivis.
L’Orvet fragile (Anguis fragilis)
Concernant l’Orvet fragile (Anguis fragilis), les données issues de l’atlas régional sont très éparses en Sarthe, du fait d’un défaut de prospection dans le département. Il faut également prendre en compte que ce lézard sans pattes est plutôt discret et donc pas facile à observer lors d’une balade ! Cependant celui-ci apprécie beaucoup de thermoréguler sous un abri qui accumule la chaleur et donc l’utilisation de plaques augmente sa détectabilité. Ainsi, Manuel a pu observer des orvets sur une bonne partie des transects et la plupart du temps sous les plaques. Les individus ont souvent été trouvés non loin de haies ou dans des milieux au couvert végétal plutôt dense dans lesquels ils peuvent aisément se cacher. Néanmoins chez vous, il est possible également de tomber sur des orvets dans le compost ou des tas de tonte.
Orvet fragile (Anguis fragilis)
La Couleuvre d’Esculape (Zamenis longissimus)
Plus difficile à détecter, les serpents dont la Couleuvre d’Esculape (Zamenis longissimus) est également plus difficile à recenser. Attirée par la chaleur des plaques à reptiles, elle peut néanmoins faire l’objet d’observations plus récurrentes lors d’inventaires scientifiques comme cela a été le cas ici. Toujours découverte sous les plaques, elle a été vue sur quasiment toutes les communes prospectées à l’exception de deux. Présente sur moins de transects et à une fréquence moins régulière que les 3 espèces précédentes, les données récoltées permettent néanmoins de compléter les données déjà existantes mais limitées sur le territoire du Pays fléchois. Nous pouvons ajouter que cette couleuvre n’a été aperçue sur aucun milieu urbain, celles-ci préférant les milieux arbustifs et donc la proximité des haies et des zones boisées. Néanmoins en période hivernal il arrive que certains individus passent cette saison au chaud dans les greniers de certaines habitations en campagne.
Couleuvre d’Esculape (Zamenis longissimus)
La Couleuvre helvétique (Natrix helvetica)
D’ordinaire l’espèce de serpent la plus couramment observée, il se trouve que la Couleuvre helvétique (Natrix helvetica) n’a été relevée que dans deux communes lors de l’ABC, plus précisément sur 3 transects. Il est vrai que cette espèce a une affinité pour la proximité de milieux humides et aquatiques, or la plupart des transects étaient assez éloignés de ce type de milieux ce qui peut expliquer qu’elle ait été moins souvent observée. Il n’est cependant pas impossible de la rencontrer dans des endroits plus secs tels que des boisements ou prairies ouvertes en fonction des périodes de l’année : déplacements pour la recherche de partenaire, pour la recherche de zones de ponte ou de zones de chasse, etc. Preuve à l’appui car lors des inventaires celle-ci a été observé en dehors des zones humides et plutôt dans un contexte sec.
Couleuvre helvétique (Natrix helvetica)
la Coronelle lisse (Coronella austriaca)
Que ce soit à l’échelle de la région ou de la Communauté de communes, les données récoltées pour la Coronelle lisse (Coronella austriaca) sont assez limitées. Lors de nos inventaires, nous avons relevé la présence d’un seul individu en friche urbaine. Ceci peut en partie s’expliquer par le fait que cette espèce est très discrète et utilise peu les plaques comme zone de thermorégulation. Elle est également plus sélective en termes d’habitats, généralement des zones de landes alternant des milieux ouverts et plus arbustifs.
Coronelle lisse (Coronella austriaca)
La Vipère aspic (Vipera aspis)
La Vipère aspic (Vipera aspis) n’a été observée que dans une seule commune. Espèce également discrète elle est difficile à détecter mais utilise bien les plaques. Les deux observations ont eu lieu sur le même transect lors de deux passages distincts. Il pourrait donc s’agir du même individu repéré à des périodes différentes. La situation de la Vipère aspic au niveau régional n’est pas bonne. Plusieurs départements ont mis en évidence la régression des populations locales. Espèce peu mobile, elle privilégie les milieux secs et prairiaux avec un réseau de haies diversifiées et denses. En Sarthe, les données de répartition sont très lacunaires, les inventaires sur le Pays Fléchois n’auront pas permis de mieux apprécier sa répartition sur le territoire.
La Vipère aspic (Vipera aspis)
En 2022, de nouvelles sessions d’inventaires dans le cadre de l’Atlas de la Biodiversité Communautaire seront réalisées sur les 7 autres communes non prospectées du Pays fléchois à savoir Bazouges-Cré-sur-Loir, Bousse, Courcelles-la-Forêt, Crosmières, La Chapelle d’Aligné, Ligron et Thorée-les-Pins. De quoi compléter davantage la répartition des reptiles sur le territoire ! Affaire à suivre ! Et si vous croisez un reptile n’hésitez pas à partager votre observation sur : https://cpie72.fr/abc/
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